Millésimes-collection

LE MILLÉSIME 2019

Là s’arrête le verre à moitié vide ... et prenons le temps de bien remplir ce verre !

CONDITIONS CLIMATIQUES DE LA VIGNE

Comme souvent avec les récoltes de raisins atteints de pourriture noble, nous avons oscillé tout au long de la campagne entre le sentiment du verre à moitié vide et celui du verre à moitié plein.
Pour les pessimistes, il est certain que la récolte ne répond pas, en quantité, aux espoirs que nous nourrissions à la fin de l’été. Globalement, nous avons encore connu une année chaude, ponctuée d’arrosages brefs mais intenses de mai à août. La charge par pied est importante, et la plupart des grappes sont de belle taille.
On verra plus tard que cela n'était pas forcément un avantage. Mais après la grêle de l’année passée, cette abondance apparente était la bienvenue.
Avec la chaleur et un ensoleillement particulièrement généreux, tous les raisins atteignent leur maturité à la fin août. Dans ces conditions, il n’était pas illusoire d’espérer récolter 120 à 150 barriques. Par prudence, les achats de fûts sont d’abord limités à 90 unités, quitte à compléter en septembre si nécessaire.
Encore une fois, l’été joue les prolongations en septembre : durant la deuxième décade, les températures maximales moyennes atteignent 29,8 °C. Ce temps très chaud et sec ne favorise pas l’installation de la pourriture noble. Après de bonnes pluies le 22, le botrytis commence enfin son œuvre. Malheureusement, la pourriture acide trouve elle aussi des conditions très favorables.
Le 3 octobre, paniers et ciseaux sont de sortie pour un petit galop d’essai. Il est encore trop tôt.
Mais les difficultés de l’année apparaissent très clairement : la pourriture aigre va très vite compliquer la tâche. Au final, plus de 60 % des grappes seront écartées.

LES VENDANGES

Un fort courant de sud s’installe le 10 octobre, favorisant une évolution fulgurante de la pourriture noble et une dessiccation rapide des raisins. Après deux jours de tries, il devient urgent de couper à rond quelques parcelles très avancées. On retrouve alors des conditions estivales : pas de rosée matinale et même 31,1 °C le dimanche 13 ! Il faut apporter des boissons fraîches à nos vaillants vendangeurs. La pourriture acide, elle aussi, progresse rapidement. Une véritable course contre la montre s’engage. Le vendredi 18, toute la belle pourriture noble est rentrée au chai. Il ne reste plus que quelques raisins, qui ne survivront pas aux 46 mm de pluie tombés la semaine suivante. Ceux-ci seront mis au sol le vendredi 25. Quel soulagement après tant de difficultés et de revers du sort ! La qualité est bel et bien au rendez-vous. Si la récolte globale reste modeste en volume, elle devrait permettre sans nul doute de signer entre 10 000 et 12 000 bouteilles de Château de Fargues. Les premières dégustations révèlent des lots très aromatiques, d’une grande pureté, parfaitement équilibrés, avec une richesse contenue et une belle fraîcheur.

LE VIN

Appellation : Sauternes Production : un seul et unique vin (pas de second vin, pas de vin blanc sec) Superficie en production : 21,26 ha Géologie : graves argileuses Production moyenne : 18 000 bouteilles Élevage : 30 mois en barrique (30 à 40 % de barriques neuves), puis 6 mois en bouteille

NOTES ET CRITIQUES DÉGUSTATION>
94-96/100

Robe jaune pâle aux reflets dorés. Le 2019 de Fargues s’ouvre progressivement au nez sur des notes délicates d’agrumes et de fruits à noyau — pêche blanche, pamplemousse, fleurs de tilleul — pour atteindre un crescendo d’ananas frais, mangue verte, lemon curd et chèvrefeuille, avec une touche de cire de paraffine. La bouche est d’une retenue exquise, murmurant des arômes intenses de zestes d’agrumes, poussière de craie et amandes, portée par une colonne vertébrale vive jusqu’à une finale longue et harmonieuse. Un style rafraîchissant, subtil, qu’on a envie de boire encore et encore.

Wine Advocate
93-95/100

Le 2019 Château de Fargues offre un bouquet très sensuel de miel sauvage, coing et clémentine — le botrytis est bien présent. La bouche est très harmonieuse, avec des couches de fruits miellés et visqueux, alliées à une grande tension. Une touche d’écorce d’orange et de marmelade ponctue une finale équilibrée. Superbe.

Neal Martin
96/100

Quelle distinction dans ce nez floral, zeste de citron et d’orange ! L’attaque tendue, sur de beaux agrumes acidulés, précède une bouche enveloppante à la liqueur opulente, sur des arômes d’ananas et de beurre caramélisés. De la puissance maitrisée par un équilibre construit avec une matières distinguée.

Le Point
17,5-18/20

Un élevage présent qui s'exprime par une note de croûte de pain, une touche légèrement pâtisserière. A ce stade, il semble porté par son élevage, comme si l'on ressentait une trame tannique lui conférence une sensation de chair ferme. Un vin qui ne manque pas de tempérament mais qui doit encore intégrer son élevage.

La Revue du Vin de France
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