
LE MILLÉSIME 2018
Année chaude et orageuse : la grêle du 15 juillet
PROFIL DU MILLÉSIME
L’année commence dans la douceur et sous la pluie. Mis à part février bien refroidi par un vent de nord, tout l’hiver est très doux et très pluvieux. La vigne tarde à débourrer, mais la pousse a été spectaculaire à la mi-avril à la faveur de températures franchement estivales.
Les « Saints de glace » en mai font craindre le pire, heureusement, très vite la chaleur revient avec son cortège d’orages et de précipitations violentes. La floraison commence timidement à la fin du mois alors que la pression parasitaire du mildiou va crescendo. Sa virulence atteint un niveau inégalé depuis de nombreuses années, favorisé par les pluies orageuses de juin. Les dégâts sur grappes seront finalement limités à 10 à 15%.
Mi–juin nous en sommes déjà aux trois quarts de la pluviométrie annuelle moyenne.
La première quinzaine de juillet chaude et orageuse s’achève le 15 avec un orage de grêle dévastateur. Toutes les parcelles sont touchées : feuillages, grappes déchiquetées, sarments et pieds sont lacérés.
La perte de récolte est estimée entre 80 et 100% selon les parcelles.
Les températures ne cessent ensuite de grimper : juillet est le plus chaud enregistré depuis 2006 et 2013. Août continue sur la lancée avec un début de mois proche de la canicule. Les orages reviennent, réactivant le mildiou sur ce chétif feuillage qui peine à surmonter le stress de la grêle. Le raisin peine à se développer et la maturation ne démarre réellement que début septembre.
Frais la nuit, chaud et sec le jour, voilà un climat peu propice à l’installation de la pourriture noble.
LES VENDANGES
Le 27 septembre, les vendangeurs sont convoqués pour mobiliser la troupe et grappiller quelques grains. Avec cette sécheresse d’automne, alors qu’il a tant plu cette année, la situation n’avance pas. Le petit épisode pluvieux du 14 octobre lance enfin le botrytis. À peine huit jours plus tard, la pourriture a fait son œuvre. Il va falloir faire vite car cette concentration plafonne. Du 23 au 26, nos fidèles coupeurs font un travail harassant de tri des raisins rescapés de la grêle mais aussi le plus souvent abimés sur leur face ouest. Le 30, la récolte s’achève sur un total de 27 barriques, dont il est déjà certain que près des deux tiers devront être déclassés en vin générique.
LE VIN
Vinifié et élevé en barriques d’un an, le vin exprime une grande fraîcheur, dominée par des notes florales et végétales. Viennent ensuite des notes citronnées, de pamplemousse, d’ananas et de mangue. L’abricot vient conclure avec sa douce amertume. Ce millésime de Fargues ne se distinguera pas par sa puissance, mais plutôt par son équilibre, sa fraîcheur et sa subtile simplicité d’accès dans un style qui n’est pas sans rappeler les 2002 ou les 1999 ou encore des vins de la fin du siècle dernier. Si les dégâts de la grêle du 15 juillet ont bien évidemment réduit la récolte comme peau de chagrin – un dé à coudre par pied de vigne – la qualité des raisins a été très difficile à obtenir. C’était un challenge pour toute l’équipe et ces quelques barriques sont une belle récompense à notre obstination.

NOTES ET CRITIQUES DÉGUSTATION
>Ce vin en offre un peu plus que la plupart des autres en 2018, avec des couches de saveurs de noix de coco tiédie, de mangue, de pêche, d’abricot et de noix de macadamia, le tout encadré par une légère note d’amande grillée.
James Molesworth – avril 2019